Il y a de cela quelques mois, un ignare et de fait un connard m’interpelait sur les réseaux sociaux, sans consistance mais avec arrogance, me nommant comme suit : »l’Israélienne ».
Par conséquent, je rectifie : je ne suis pas israélienne, pour la seule raison que le sort a décidé que je naisse en France et que je n’aurais pas la prétention, la vanité, la suffisance et encore moins le droit d’affirmer l’être, à défaut de ne m’être démocratiquement battue pour la sauvegarde physique et morale de cet Etat de Droit agressé, à la même heure à laquelle les civils palestiniens ont mal et pour pas loin des mêmes causes que de rappeler est inutile.
Voilà qui est fait. Ce jour-ci fut le premier jour au cours duquel je pris le parti de dire mon avis sur le conflit, LE conflit, celui qui conduit à tant de vacarmes, de drames et surtout d’amalgames. Le conflit, celui qui est instrumentalisé par une frange du peuple français, la frange que les juifs et/ou les arabes dérangent, la frange dont les esprits s’enflamment alors même que jamais ils n’ont cherché à comprendre. Qui de celui qui a osé se prononcer a déjà voyagé dans cette contrée, qui encore a davantage fait l’effort d’ouvrir, de lire, de regarder ou d’écouter les témoignages de la presse étrangère quant à l’affaire? J’ai honte de ce que nous sommes –nous français- de véritables moutons, peu affables, particulièrement paresseux et tellement cons!
Tu m’appelles le diable parce que je suis juive ou parce que je serais sioniste selon toi, mais sais-tu définir le sionisme? Je te mets sur la piste, mieux, puisque je ne suis pas seulement juive mais aussi un peu vive, j’ouvre le dictionnaire pour toi : tu vas rire, le sionisme n’est pas le juif, le sionisme est la volonté de reconnaitre la possibilité pour les juifs -s’ils entendent le faire- de s’établir géographiquement et identitairement (pardon pour le néologisme) sur une terre…Ah oui, il y a le bord de mer aussi…Et cette terre, ils la partagent néanmoins volontiers avec tous les musulmans, bouddhistes -quoiqu’ils soient moins nombreux- et chrétiens qui y résident heureux avec autant de confort et de légitimité que leurs voisins de palier.
Alors le diable ne serait-il pas plutôt l’âne qui condamne sans savoir ni même voir?
J’ai une suggestion à te faire : rends-toi sur place, côtoie le quotidien des habitants de toute cette région et reviens avec des vérités.
Vous savez pourquoi je ne me suis jamais exprimée sur ce sujet, alors pourtant que l’on m’y a bien souvent invitée, parfois me l’a reproché, car je considère ne pas avoir les clés pour ce faire.
Mais il suffit, je ne peux plus me taire.
Je pourrais me cacher derrière mon nom, « Ticot, tu crois que c’est juif? » Ai-je souvent entendu de la langue pendue des plus méprisants. Eh oui, mais promis je n’approcherai pas ton petit ami!
Je ne peux plus me taire!
Je ne peux plus me taire parce que Mohamed Merah et Mehdi Nemmouche ont existé et se sont recommandés du prétexte louche que de tuer est accomplir leur destinée alors qu’ils ne sont que deux tarés farouches.
Je ne peux plus me taire quand j’entends qu’ils en ont appelés à Allah, quand moi j’ai lu le Coran et sait qu’il n’est jamais question de massacrer ni le juif ni le mécréant, mais simplement de combattre l’absence de foi et de connaissance des lois comme il est enjoint dans toutes les religions, dans tous nos textes sacrés. Ah si, c’est vrai, il est une Sourate qui fait référence au peuple juif mais j’ai appris que lorsque l’on veut lire, l’on ne doit pas seulement lire mais réfléchir, s’assurer de la source et avoir un peu plus de ressource : eh bien, cette Sourate date du treizième siècle, siècle des croisades, encore une guerre des terres… Elle n’a donc rien de prophétique mais tout d’économique et une simple dimension historique.
Je ne peux donc pas plus me taire quand un philosophe, Daniel Sibony pour ne pas le citer, se sert d’un tel passage pour crier à l’orage, à l’ouragan Islam, en oubliant que Mahomet demande de pleurer le décès de son frère juif dès lors qu’Ismaël était le frère de sang d’un juif.
Je ne peux donc plus me taire et ignorer Eyal, Guilad, Naftali et Mohamed, victimes de la plus vile des violences : la stupidité, l’interprétation erronée de nos textes sacrés et de la mission d’importance que nous confient précieusement nos religions, faire office de pureté, d’intégrité et de respect envers tout celui à qui Dieu a donné la vie, puisqu’il est une partie de lui, pour ceux qui croient en lui. Pour ceux qui n’y croient pas, alors considérez que Dieu n’est jamais que l’image de vos conscience et moralité.
Je ne peux plus me taire puisque l’antisémitisme se drape dans l’antisionisme, se réfugiant derrière un jeu étymologique tellement précaire. Ce matin, on m’asserte que sémite ne concerne que les arabes et les juifs séfarades. Mon Dieu, j’en appelle à ta grâce, vient en aide à ces bécasses. Nous aussi, juifs du Caucase ou de Manheim utilisons les langues sémites.
Je ne peux plus me taire quand est lancé « mort aux juifs » à l’occasion d’une manifestation qui devrait se tenir au profit des civils palestiniens tout à fait innocents et parachutés au coeur d’une guerre dont ils ne veulent pas, servant de boucliers humains aux saletés du Hamas et de dommages collatéraux à l’action voulue ciblée de l’armée d’Israël. Et je m’attache à croire que ce ne sont pas les musulmans sachant lire le Coran qui osent prononcer ces paroles de haine mais les ignorants avides de faire couler du sang.
Je ne peux plus me taire alors que je lis la réaction de Natacha Polony. Mais non pas toi… Si un jour je deviens chroniqueuse et j’en serais heureuse, ce sera pour atteindre progressivement -à force d’investigations sur les thèmes abordés réalisées avec passion- son niveau de connaissance et d’intelligence, sa culture, pas banale n’est-ce pas? Mais là… Là, elle se prononce sur la politique proche-orientale à l’aide de propos tout à fait orientés par son ancrage et encrage dans la presse française. Pour sûr, elle voulait bien agir, dénoncer cette xénophobie, cette maladie qui est en en train de se propager; mais toi, citoyen du monde, tu ne peux pas adhérer sans suggérer à tous tes contacts d’ouvrir la presse internationale à ce sujet et de jeter à la poubelle toutes tes idées pré formées par les immondes manipulations de certains de nos médias.
Je ne pourrai pas me taire tant que le Hamas s’armera en partie grâce aux aides de l’Union Européenne, aides censées nourrir les civils palestiniens, victimes de ce marasme, que les occidentaux préfèrent ignorer par des pirouettes diplomatiques. Mais ça devient insensé!
Je ne pourrai pas me taire tant que le Front National continuera à obtenir de tels scores, car il faut de l’inconscience ou pire une réelle adhésion à leurs instincts de violence pour trouver en ces porcs un salut attendu.
Je ne voulais pas écrire sur le sujet pour les raisons précités mais je crois qu’il est temps… je crois qu’il est temps parce que la présence des juifs est en danger en France et que j’ai confiance en l’importance de la diaspora et en son influence positive sur tout un chacun car « je suis ce que je suis grâce à ce que nous sommes ».
Et j’ai peur, je crains que soit arrivée l’heure d’une scission sans cohérence entre les juifs et les arabes de France. Ce serait un non-sens. Nous avons tant de ressemblances.
Tenez, un jour je me suis faite arrêtée par un passager dans un bus qui m’a demandé avec une très jolie naïveté mais de façon si franche : « tu es blanche, mais tu as une tête d’arabe, t’es quoi toi? » Eh ben voilà, toi, tu as tout compris!
L’un de mes amis, quant à lui, me chuchote souvent « Charlotte, tu es une beurette dans l’âme ». Eh bien, je m’en acclame : premièrement parce que je suis fascinée par cette civilisation, son langage, son bagage, deuxièmement parce que c’est mettre l’accent sur mes valeurs, celles qui habitent mon cœur et président à mon comportement. Et je clame qu’elles ne sont en rien éloignées de celles qui ont été l’objet de mon éducation, la mienne, la tienne et celle de tous les juifs et musulmans correctement dirigés.
Je finirai par une anecdote, une note plutôt : je rentre d’un voyage organisé en Turquie et dans le cadre qui nous était destiné, tout le monde se fréquentait, s’aimait, qu’ils aient été d’Afrique ou Asiatiques, d’Italie ou de Turquie, Arméniens ou Israéliens. Tous s’amusaient de concert sans aucune méfiance ou réticence sectaire. Et là-bas je me suis dit, si seulement la vie c’était la Turquie!
Alors je ne peux plus me taire et je manifeste! Je manifeste mais jamais pour diviser encore moins pour casser… je manifeste ma pensée… pour agiter et essayer de nous sauver sans se sauver.