Je crois que je n’ai jamais été aussi femme!
Ainsi, je n’ai jamais été aussi inébranlable, invincible ou a minima résolument convaincue; je n’ai jamais été aussi vulnérable, sensible, si facilement vaincue…
Fragilité ton nom est femme, Shakespeare n’alléguait-il pas?
Pourtant Dieu tout puissant lui-même chancelle face à elle.
C’est habité par cette ambiguïté que mon coeur a voyagé ces dernières années, c’est assiégé par cette ambivalence que mon honneur s’est débarrassé de sa suffisance pour rencontrer Romance.
La liberté n’est pas l’antagonisme de la pudeur, de la dignité, encore moins de la vertu.
Ce n’est pas parce que je suis réservée que je me dois d’être contenue ou pire retenue.
L’épicurisme conscient n’est pas l’anarchisme ni même un hédonisme dément. Non!
Ma liberté? Ce n’est que le féminin de mon destin…
Il m’aura donc fallu non moins de trente années pour parvenir à le théoriser!
Seulement voilà…
De la pensée pérenne à la sagesse -de la sirène à la déesse- il y a là une traversée rude, abrupte et sans concession à réaliser. L’auto confession n’en est que le prélude!
Combien de larmes doivent avoir coulé, combien de tourments, d’instants de solitudes et de chagrins faut-il avoir éprouvés pour décider enfin de prendre les armes contre ses servitudes?
Et encore…faut-il le vouloir!
Car à cela deux résistances qui somme toute relèvent toutes deux de l’apparence, une représentation fantasmagorique, quasi iconique de la muse -dont il faut bien avouer que d’opportunité je m’amuse-:
– la pondération, la modération et la raison nécessaires pour contre-balancer la tentation, le danger, le pêché que nous représentons pour le sain sexe opposé,
– la confusion d’être nées femelles et son corollaire de rigueur, le mystère!
Il est déjà bien assez que l’homme nous sache demoiselles, sans qu’en plus nous ne le forcions à croquer la pomme et ne le précipitions aux portes de l’enfer.
Je suis ironique, un brin caustique, mais loin d’être féministe, une femme, une authentique, n’est pas admise à l’être, ce serait simpliste, n’est-ce pas?
Etre mesurée c’est être beauté -donc- prétendait Voltaire.
D’aucuns contesteront que plus on est instruit, plus on désobéit! Plus gente dame est avertie moins elle ne réfléchit avant de sacrifier son âme …pour aimer.
Je suis de ces femmes, une de celles…
Je suis une femme qui apparait convenable et responsable, mais qui ne sait qu’aimer à en réformer l’humanité, aimer à en crever, lentement, doucement, discrètement mais sûrement.
Je suis une femme qui ne se vend, ni ne se donne, mais qui s’abandonne d’aventure.
Je suis une femme qui jamais ne se parjure, mais qui retient ses secrets, car oh combien elle sait ce que c’est que de faire les frais de ce qui est révélé!
Je suis une femme qui sait se glisser dans la peau de son bien-aimé, pour compenser que jamais l’on ne s’y soit employé à son sujet.
Je suis une femme qui se parfume pour ne pas qu’on la résume.
Je suis une femme qui marche sans béquilles, mais qui tantôt vacille.
Je suis une femme… l’ange déçu mais jamais l’ange déchu.
Je suis une forteresse, je suis impassible et inflexible telle une suissesse! Ma tendresse? Nul ne la consomme! Je sais que l’homme fera toujours dithyrambe de ce qui est entre mes jambes.
Je reconnais que je ne lui plairai qu’autant que je serai l’épouse d’un barbouze. Coeur présidé, leurre désiré! « Hope is a lie », Fitz Grant et Olivia Pope l’ont expérimenté.
SI je n’attends plus la sérénité, si elle n’existe plus au rang de mes batailles, c’est parce que désormais -je l’ai intégré- jamais je ne cesserai plus d’espérer, encore moins d’aspirer.
Je m’éprends, j’apprends…
Je peux vous livrer mon sentiment? Etre femme c’est bien là le plus violent des châtiments!
Chaque rencontre -qu’elle recèle un objet personnel ou professionnel- est un combat. Et celui-là se joue au premier round! Donne le La en moins de trois minutes! Démontre que tu n’es ni vide, ni candide, ni davantage cupide, pour que jamais tes aménités ne t’amputent de tes facultés, que jamais tes capacités n’imputent tes facilités.
C’est si périlleux, parfois si douloureux d’être une femme!
Comprenez que je réprouve de façon invariable que l’on soit louve pour sa semblable!
Moi, les femmes -les véritables- je les chérie!
Petite fille de deux grandes résistantes -Michèle Tykoczinsky et Trude Bierig-Borg- (et d’une maman qui ne l’est pas moins en son temps) il va de soi que jamais alors il ne m’eut été possible de m’identifier aux fades Wonder Woman, Cendrillon et autres Belles dormantes!
C’est pour cela que je m’étais choisie comme repère un autre personnage imaginaire, petit garçon, petite souris -ce qui n’étonnera pas nombre de mes amis- l’anthropomorphe, audacieux et généreux Fievel Souriskewitz, qui décidait de fuir les pogroms et la famine pour rejoindre le Nouveau Monde et le rendre apte (lui non plus ne doutait de rien) à accueillir sa famille et leur violon, son plus cher héritage, celui qui s’accrochait à son coeur!
Être une femme libre c’est aussi cela, avoir le choix d’être qui l’on souhaite être, au-delà de tous les contretemps, de tous les empêchements, de toutes les pierres d’achoppement sournoisement lancées sur notre chemin, au-delà de tous les freins et du genre humain!
Ce tempérament-là c’est à mes mamies que je le dois!
« Rien ni personne ne nous empêchera de faire ce que nous croyons juste ».
L’essence est ici dans la justesse de dignes convictions et de nobles valeurs que ces femmes firent triompher au péril de leur existence.
Alors à leur courage et à mon amour qui traverseront les âges… et à Fievel, cette petite chose bravoure. Pour la vie!
Simone de Beauvoir, Simone Veil, Simone Signoret, Simone Segouin, femmes tactiques et de lettres, femmes politiques sans se soumettre, femmes allures et de culture, femmes combattantes et résistantes, toutes ont été les conductrices de ma voiture émotionnelle, mes inspiratrices.
Ce sont elles qui m’ont appris à observer, à raisonner, à critiquer, à faire avancer, à laisser rêver et à donner.
La chenille et Alice se regardèrent pendant quelques temps en silence.
A la fin, la chenille ôta son narguilé de la bouche :
« Qui êtes-vous » demanda-t-elle
…
Alice répondit assez timidement :
»Je ne sais pas très bien Madame, du moins à présent. Je sais qui j’étais en me levant ce matin, mais j’ai changé tant de fois depuis. »
Voilà qui je suis au petit matin de mes trente ans : une petite fille à bout de sentiments, qui flotte et qui ne trouve le soleil qu’au fond de sa grotte, au pays des merveilles…
Au milieu de tout cela, joli coeur, je ne sais pas moi, ce qui t’a donné envie de moi? Pourquoi donc t’ai-je mis en émoi?
Une femme choisit de qui s’enamourer, qui désirer et personne ni aucun élément de fait n’y peut jamais rien changer. Tout cela n’a d’ailleurs rien à voir avec le point de savoir si elle put ou non deviner qu’elle fut espérée ni même adorée!
Mais toi? Pourquoi tu m’aimes toi? Tu te satisfais d’un mal agréable lorsque tu pourrais abriter un bonheur irrécusable…
Il parait qu’il est des amours qui résistent au temps et aux éléments et qui -pour toujours- persistent…
C’est dur d’être une femme sincère, bien davantage que d’être infâme, mais puisque je t’ai aimé, alors il n’est pas de regrets et je veux bien même être réinventée.
Ode aux femmes singulières…