Archives mensuelles : juillet 2024

L’appel du 30 Juin 2024

J’ai mis du temps à le pondre cet article, mais j’attendais que l’on déblaie un peu les fientes de l’hémicycle.

Doit-on dénoncer l’imprudence impertinente de notre Président ? 

Va-t-on pouvoir mettre sans pagaille toute cette volaille dans une même basse-cour ?

Rappelons que ce sont ces chapons, incurables fripons, qui font le jour sur notre devenir, en débattant, amendant et votant les lois qu’il sera, de notre côté, de bon aloi de respecter ! On est mal barrés !

Laissons à l’éternité le point de décider si Emmanuel Macron a eu tort d’ordonner une dissolution de l’Assemblée ? 

À moi, mais il n’appartient qu’à moi de le penser ainsi, de me panser aussi, il apparaît que c’était absolument là la carte qu’il fallait jouer.

La montée des extrêmes, au sein d’une société en souffrance, était une bombe à retardement. Il était scient de nous offrir trois ans pour constater ou non leur incompétence, au mieux leurs insuffisances, la dysharmonie entre le programme et l’effectivité de ce dernier ? D’aucuns prétendront que faute d’une absolue majorité, ils en seraient privés, de cette réalisation, soit…

Point d’orgueil, ou leçon d’humilité de notre Président… de la République, je m’apprête à vous démontrer que quoique furent convaincants les aboie-ments des uns… les ser-ments des autres… ils seront inopérants à améliorer notre futur, point- tiret… Le seul grand orateur du monde, c’est le succès !

Les Tyrans ne sont grands que parce que nous sommes à genoux… (La Boétie)

Ainsi le 30 juin dernier, nous avons été appelés à reformer les rangs de nos décideurs politiques.

Decision Makers, vraiment ? Mais bénéficie-t-on encore réellement d’une forme de souveraineté nationale ou répondons-nous des injonctions européennes d’uniformité ? 

Robert Schuman le savait, il fallait bien sûr constituer un espace de paix, de solidarité économique, un développement social et territorial durable pour offrir aux pays européens de peser au rang du rayonnement mondial… Mais surtout, il fallait un catalyseur d’intempérance, de réplétion des passions venimeuses, immanence de l’homme…

Que reste-t-il alors de notre pouvoir de décideurs ? … Un leurre certes, mais un conditionnement psychique probe et vertueux ou au contraire, en l’état, si délétère. 

Or, l’éthique est à la vie, ce que la justice est à la prospérité collective. L’intégrité, comprenez, est par essence le pivot de l’humanité et le gage de son éternité.

Si vous érigez l’inique à la majorité, alors là oui, il sera utile de nourrir vos inspirations messianiques…

« Élection : Opération au cours de laquelle des citoyens libres se choisissent des maîtres. »

La démocratie est une abstraction rassurante… qui n’existe plus. Ou bien n’a-t-elle jamais vraiment formé réalité ?

La Révolution française se figurait-elle être autre chose que le remplacement d’un ordre social par un second ordre social ?

Ce fut une mutinerie à effet de renversement, bien évidemment. Historiquement, la Révolution est un Putsch de bourgeois… plus ou moins bienséants, faut-il le concéder.

Depuis lors, on ne vote pas les lois, on vote les fumistes qui votent nos lois.

Mon avis alors, depuis ma longue-vue de femme un soupçon revêche, d’éducation Blumiste, sympathisante anarchistes -mais les vrais, les intelligents, les marginaux-sécants avant qu’ils ne changent de camp- c’est qu’encore une fois, à part (et c’est là la si triste ironie) pour la masse populaire qui subit les insurrections et les dérives individuelles, à part aussi pour la pérennité de nos âmes, l’un ou l’autre sera inopérant au bouleversement.

Pire -et est-ce avouable- qu’il m’arrive d’aspirer au tumulte, d’espérer ce branle-bas susceptible d’anéantir l’assemblage en bas-lieu, ce château de sable qui se fait l’idée d’être une société ? Du chaos naît le retour à la nature, aux vérités pures.

Pour autant, je ne peux, par une forme d’idéologie conformiste, reliquat de patriotisme, laisser mon pays aux mains des succubes. 

Il y aura, c’est entendu, ces trois années ingouvernables et desquelles nous devrons nous amuser pour vivre mieux, peut-être résister aussi.

Il y aura, c’est le sinistre célérifère sur lequel nous pédalons de toutes nos forces -et Hamann s’en trouvera in fine pendu- une recrudescence des essais, des procès, des faits antisémites et nous aurons à nous protéger, nous insurger.

Il y aura, et ça sera le prix à payer, une fuite des capitaux étrangers, résolument les startups s’en trouveront affectées et il nous faudra plus tard rappeler l’innovation à nos domaines de prédilection. Le risque vital est là, c’est donc la défection économique, le détour des investisseurs étrangers, la ruine des projets nouveaux, le repli des entreprises novatrices.

Toutefois, transformeront-ils, les uns, les autres, les uns ou les autres, les uns et les autres l’existant ? Une fois qu’ils seront au pouvoir, mettront-ils en place, d’un côté ou de l’autre, une extermination de masse idéatoire ? Aucunement, parce qu’outre la violence sociale qui les caractérise, ils se savent responsables de ceux dont ils ont le tour de garde, vainement, parce qu’ils en seront empêchés par les plus hautes instances ou encore s’en abstiendront par électoralisme ou par simple prudence.

Bien sûr donc que ce qui se produisit le 9 juin dernier est dramatique et symptomatiquement, en ce que cela sous-entend que plus aucun parti républicain n’est représentatif pour nous, français. Il ne reste plus, en notre sein, que la haine de l’autre, son alter… Ego. 

Nous le savons pertinemment, au-delà de l’amnésie idéologique collective : à l’extrême droite, comme à l’extrême gauche, aucun des plébiscités n’est capable de proposer un programme économique viable. 

Mais voilà, le vote primaire est un vote d’opposition et les modérés se sont trouvés inopérants à dégoter leur Mickey, cette incarnation susceptible d’emporter l’adhésion. 

Bien que la circonscription élise ses soldats, l’escadron se réfère au général (ignorant même sa pensée profonde ou trivialement son projet.) 

Il est grand temps de se réinventer. Me voici presque nostalgique de cette alternance qui jadis nous lassait…

Pas de souveraineté.

Pas de suffrage universel non plus, le dernier référendum c’était pour l’Europe et fort heureusement nous ne l’avons pas suivi.

Mais disais-je, ce n’est pas le système qui sauve, peu importe la démocratie ou non, c’est le nom, l’individualité, cette personne qui s’affranchira des donneurs d’ordre.

LA personne qui nous extraira de ce marasme ambiant commencera par se distinguer des autorités d’injonctions, en incarnant à la fois une figure représentative de ses électeurs, à la fois aussi une suzeraineté nationale, façon De Gaulle, le dernier souverainiste.

Où est cet homme qui s’insérera dans le système politique en place afin de le faire imploser ?

J’aurais aimé que l’appel du 30 juin ressemble à celui du 18 juin. 

Talleyrand soutenait qu’en politique, tout ce qui est exagéré est insignifiant.

La situation actuelle est un rejet du raisonnable, du chemin vers la perfectibilité et du temps long.

On veut tout, tout de suite. On désire aussi l’expression libre et à la fois habillée de notre part sombre. 

Ainsi, l’on envisage de voter pour le smic à 1600 Euros et la retraite à 60 ans sur le dos de nos faiseurs d’emplois ou bien encore de délivrer des OQTF au lieu de se donner un délai et des moyens pour favoriser l’intégration.

Mais de Mohammed Merah à Youssouf Fofana aux assassins du Bataclan, tous étaient français…

Comment le rejet de l’immigration choisie pourra-t-elle favoriser notre sécurité ?

Comment l’essorage des dirigeants d’entreprises, l’étouffement fiscal de nos patrons soutiendront-ils le plein emploi ?

On ne fait pas d’élections avec des prières…

« La droite a gagné les élections, la gauche a gagné les élections. Quand est-ce que ce sera la France qui gagnera les élections ? » blasonnait Coluche.

Comprenez, on ne ment jamais tant qu’assourdi par ses ambitions.

« Monsieur Attal ne sera plus Premier Ministre » se targua dimanche Jean-Luc Mélenchon, sbire de la haine, flanqué de sa consœur vêtue du Keffieh, celui-là même qui fut symbole de l’Intifada. « Qui sème la Hagrah récolte l’Intifada » scandèrent des manifestants au lendemain du 30 juin… Préparez-vous donc…

Nous subissons l’image, allégorie de leurs tréfonds, pendant que Marine Le Pen agite l’antisémitisme, par clientélisme soudain.

L’opportunisme de rejet vs le rejet opportun, ou l’inverse…

Les juifs sont l’épouvantail d’un côté, l’épouvante de l’autre. 

La haine, elle, est la grande gagnante en deux fronts.

Leur cheval de bataille, l’intérêt national ? Karl Marx enseignait que toute classe, tout celui même qui aspire à la domination « doit acquérir d’abord le pouvoir politique pour présenter à son tour son intérêt propre comme étant l’intérêt général », vilaine manipulation ! 

Bien-sûr, Jordan Bardella sait conquérir, aidé par son aura, tout comme Rima, elle, sait séduire, graciée par sa beauté, mais écoutez-moi bien, de-ci et de-là, s’affiche le sourire de l’horreur : il n’y a pas pire tyran que celui ou celle qui impose en douceur. A urbanité extrême, méfiance extrême ! La terreur est logée, là, dans l’anticipation d’un coup de fusil, pow! Vous l’entendez, c’est le souvenir des exterminations, la forme la plus absolue de destruction. 

Est-ce une inconvenante vérité ? 

Je ne crois pas et Kundera semble d’accord avec moi : « les extrêmes marquent la frontière au-delà de laquelle la vie prend fin et la passion de l’extrémisme, en art comme en politique, est désir déguisé de mort » !

Aujourd’hui, les affaires publiques sont si confuses : la gauche est au centre et adopte des dispositions de droite, la droite, elle, prend souvent des mesures communistes et parfois chacune appelle en ses rangs l’immodéré.

Les extrêmes flirtent, se frôlent et se nourrissent, ils ne s’avalent pas, ils se mangent, l’un produit l’autre et reproduit l’autre, chacun propage sa perfidie, l’un par l’écrit, l’autre par les cris, l’un par de drôles accusations, l’autre par d’immondes actions.

Tous les deux ont omis qu’aussi intense soit-elle, une idéologie n’a pas la rigueur de la science et qu’elle ne s’imposera à l’homme que s’il la reçoit en toute prudence, qu’il marche au milieu des deux extrêmes, c’est celui-là le meilleur des systèmes !

Le 11 mars 2007, Jacques Chirac, « l’ami de Sadam », c’est fort de café, a magistralement déclamé : « Ne composez jamais avec l’extrémisme, le racisme, l’antisémitisme ou le rejet de l’autre ». Ah voilà qu’on s’entend ! Vous n’avez pas le droit d’aimer les extrêmes quand vous connaissez les intentions de ceux qui les sèment. Ne négligez pas que de s’inscrire dans un mouvement idéologique c’est devenir soi-même l’idée et c’est là le danger pour nous, Français !

Alors si Denis Diderot affirmait que la règle du poète était de se jeter dans les extrêmes, la règle de ma prose sera au contraire de vous en garder et de vous empêcher de vous jeter dans l’antre du diantre.

Une chose est sûre, Emmanuel Macron a, le 9 juin dernier, plongé le pays dans une incertitude politique aux conséquences désastreuses. 

Un pari enchanté désenchanteur : du vent de fraicheur et de bonne volonté formé par notre jeune Premier Ministre à une polarisation des extrêmes, reflet d’une frustration, de cet état profond d’insatisfaction à l’égard de l’offre politique actuelle.

Cette décision fut prise du seul fait du Roi, nous autres valets sommes face au choix.

Alors en attendant, au solstice d’un prochain été, cette incarnation que j’appelle de tous mes vœux, faisons de la tempérance, notre chant du coq, notre fierté.