Cette semaine j’ai assisté à la projection du film flight, que je vous recommande d’aller voir prestement… Il est tellement éloquent…
L’intrigue se noue autour de l’histoire d’un pilote –incarné à merveille par Denzel Washington- que l’alcool et la cocaïne ligotent. Oui, jusqu’au jour où le sort le réveille, il perd le contrôle de son appareil… Fort de son expérience et de son intelligence, il parvient à sauver presque cent vies sauf que c’est dramatique, sous narcotiques, on refuse de lui accorder de mérite et on préfère engager contre lui des poursuites.
On suit parallèlement une jeune femme accro à l’héroïne et ça nous abomine. On se rend compte que la drogue assassine quand on en manque mais surtout quand on s’en flanque, que ce soit, dans le nez, dans le bras ou dans la bouche…
Ce film m’a particulièrement émue, d’autant plus touchée que j’ai quelques amis, souvent originairement des génies, victimes de cette calamité… Je me suis toujours demandée pourquoi ils l’ont en affection? Est-ce un défi lancé à l’esprit, à la raison? Peut-être pour les plus instruits, mais vous savez pourtant que c’est loin d’être le paradis… C’est une prison, c’est un poison… Si seulement ça apportait un peu de savoir, mais au contraire c’est en fermer le tiroir, c’est un mouroir surtout au moment de déchoir! Oui je sais que la descente vous la redoutez, peut-être autant que la réalité et pourtant vous en redemandez… Quand je vous regarde mes amis tant aimés, quand je vous regarde vous détruire, vous démolir, quand je vous regarde vous bousiller, j’ai comme l’impression que c’est les êtres les plus brillants, les plus bienveillants, les plus frémissants que la vie attache aux stupéfiants. J’ai comme la sensation que c’est eux qu’elle place dans la détresse et qu’elle est là, la source de vos ivresses.
Mon ami, je me sens si affaiblie quand tu me souris, je ne sais pas t’aider, peut-être parce que j’ai peur de tomber. Mais pourquoi tu t’obstines alors que tu sais que ça confine? Pourquoi t’acharner alors que tu sais que tu vas te faire interner?
On va me reprocher de tout confondre. Certains vont me dire que, non, la cocaïne n’exclut pas de la société, qu’elle est un outil commun en soirée, qu’elle permet de mieux fêter sans se fatiguer; ah parce que tu crois que ton euphorie, ton sentiment de toute puissance physique et intellectuel est éternel? Ils vont laisser le poste à l’agitation, puis à l’appréhension et enfin à la dépression. D’autres vont hurler que le cannabis est une drogue douce, bien sûr, si douce qu’elle te rend complètement apathique et te démotive de façon pathétique. D’autres encore que l’effet hallucinatoire du champignon est momentané et sans danger; invention, fabulation et celle-ci est redoutable et puits d’alimentation… Et que dire même de l’addiction aux antidépresseurs, à part que dans ces conditions, ils sont aussi dévastateurs… Et j’en passe et des meilleurs!
Je ne sais que trop bien combien le doute, le flottement, la réflexion nécessaires à la construction, combien aussi l’émotion, les désillusions, les chagrins passagers nous donnent envie de les voiler, de nous cacher. On se déprime et quoi de mieux pour s’ignorer à soi-même, se taire son propre abîme, que de s’oublier, que de se droguer? Rien de pire vous voulez-dire!
C’est dur de parler de soi, de ses émois, de ses effrois, mais c’est vital. Parlez à votre ami, ou à un psy, c’est égal, mais parlez, c’est le principal! Ne confiez pas votre existence à un trafiquant, commerçant, qui n’en a que faire de votre subsistance! N’oubliez pas que l’apothicaire ne sent pas ses drogues, lui n’en prend pas, la plupart du temps! Lui c’est un acheté, un suborné et ses produits sont altérés, sont empoisonnés! Ne participez pas non plus aux idées reçues selon lesquelles le pauvre qui se drogue se met plus en danger que le garçon ou la fille aisé(e)? Ni vos denrées, ni vos volontés ne sont plus contrôlées. Dans les deux cas, c’est le fracas, vous êtes sinistrés!Et ça ne va pas s’arrêter, à chaque prise il vous en faudra plus, jusqu’à l’ultime crise. Comme l’avait déclaré Jim Morrison avec beaucoup d’ironie: « dans la vie, j’ai eu le choix entre la drogue et la mort, j’ai choisi la première et c’est la seconde qui m’a choisi ».
Alors quoi, vous voulez vous enticher d’un tel désarroi, d’une came qui vous noie, d’un destin qui vous foudroie? Et puis vous avez-vu la gueule que ça vous fait? Non, parce qu’il y aurait de quoi pleurer! Je peux vous assurer que nous, sobres, ça nous ferait presque marrer. Alors au lieu de fumer, de renifler, de vous saouler, de vous piquer, riez, rêvez, vivez! Au moins, on ne meurt pas d’une overdose de gaieté!
ma chere charlotte ,vous avez un style d’ecriture d’une grande intélligence et une facilité d’analyse des sujet que vous traitez bravo!!! cdl
Tout est question de force intérieure, savoir dire non ou bien savoir gérer.J’ai vu nos élites tomber comme des mites , usés sournoisement par tant de luxure .Que de familles frappées et disloquées…tout cela m’intrigue et me désole, attristés de voir ces personnes brillantes plonger volontairement dans ces enfers. Votre texte est prenant et agréable comme toujours. Je vous en remercie puisse l’Eternel vous donner longue vie et nous permettre ainsi de profiter de vos brillants écrits. Merci
Lorsque on est une personne insignifiante et que l’on voit des gens brillants se droguer, (alcool surtout, car le reste on ne l’apprend que lorsqu’ils sont morts!), on peut se poser la question si de faire comme eux on ne deviendrait pas brillants nous aussi!
Mais vous l’êtes, Charlotte, dans ce que vous écrivez sans vous droguer et cela nous rassure.
Nous serons peut-être un jour nous aussi, brillants, avec le temps, en vieillissant!