Chypre souffrant d’un déficit budgétaire d’un peu plus de dix-sept milliards d’euros -en ce moment, c’est élémentaire!- avait réclamé, en juin dernier, une aide financière à l’Union européenne et au Fonds monétaire. Ambition déclarée, intention certifiée: renflouer ses deux principales banques, plombées par leur exposition à la Grèce, la première en manque.
Lors du dernier Eurogroupe, début mars, les ministres des Finances s’étaient montrés décidés à mettre sur pied, d’ici fin mars, un plan d’aide au nom de la bien nommée entraide… Enfin, pas tout à fait… En effet, Chypre, l’une des principales places offshore, consent en échange à leur indiquer où se trouve le ou les trésor(s)… Elle accepte de se soumettre à un audit sur le blanchiment mené par un cabinet indépendant.
Alors voilà que dans la nuit de vendredi à samedi, un accord a enfin pu être trouvé entre la Commission Européenne, la Banque Centrale Européenne et le FMI. Nicosie estimait avoir besoin de quelques dix-sept point cinq milliards d’euros, l’équivalent de son PIB, ce que le FMI prohibe: « l’aide doit être inférieure à dix-sept milliards d’euros pour avoir une dette soutenable ». Incroyable, la dette ne serait-elle pas soutenable pour Chypre au-delà de ce chiffre ou est-ce l’Eurogroupe qui est un presse-étoupe et ne se mouille pas? Jusqu’à mercredi, l’option de faire subir des pertes aux déposants privés « n’était pas sur la table ». Alors voilà le plan de sauvetage qui va faire des ravages: un maximum de dix milliards, en échange d’une taxe exceptionnelle sur les dépôts bancaires qui rapportera près de six milliards. Cette taxe exceptionnelle, ce n’est rien de moins que 6,75% sur les avoirs que l’on pensait planquer dans un coin en-deçà de cent mille euros et de 9,9% au-delà de ce seuil, ainsi qu’une retenue à la source sur les intérêts de ces portefeuilles. Il s’y ajoutera quelques privatisations et une hausse de l’impôt sur les sociétés qui risquent d’être très peu appréciés et de provoquer quelques consternations. Et tous les épargnants sont concernés, qu’ils soient chypriotes ou étrangers! Bien sûr, les autorités ont déjà pris toutes les mesures: les comptes bancaires sont bloqués, les sommes dont ils sont les dépositaires gelées en attendant plus de décisions pour réussir ladite opération, retenir les capitaux et empêcher leur massive migration.
Ces prélèvements devraient rapporter au total cinq point huit milliards d’euros, a indiqué samedi le chef de file de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem. Voilà, plus de problème! Ah oui mais attendez, allez lire la presse internationale… L’Europe est la risée de toutes les contrées. Selon Forbes, la confiance se résorbe pour finir peut-être par disparaître et pourquoi les propriétaires de comptes bancaires cités à comparaître et dans une position bien plus précaire en Espagne par exemple ou en France bientôt, conserveraient leurs coordonnées? Eh oui, pourquoi rester si tu sais qu’on va te faire une coupe au carré? Cette décision aurait le potentiel d’engranger une fuite générale de toute la zone euro et une telle situation mettrait en question de manière abyssale l’Euro lui-même.
Et avec ça, la directrice du FMI, Christine Lagarde, considère que la résolution adoptée est presque tout autant extraordinaire que nécessaire. Eh ben, on est mal barrés!
Rha tu as manqué à qqs heures de pouvoir ajouter une touche d actualité à cet article : « m’dame Christine y a des messieurs ils sont là pour une inquisition de vot’ ‘partement ! »
Oh ça ne change pas grand chose à l’effet d’annonce! La réputation de l’UE est une fois de plus outrageusement altérée…
Je suis d’accord avec ce qui a été dit.