Consensus ou pas!

Moykhel Toyves! Non merci! לא תודה
Consternation…
Je sais qu’il est midi, mais je ne peux rien avaler, j’ai comme qui dirait la nausée!
J’ai tenté de m’amadouer, je me suis répétée :
« Charlotte, shut, tais-toi, tu n’as pas assez d’ennemis comme ça? »
Mais bon, finalement, le consensus, l’aliénation, les « .on »s, non rien n’y fait, que voulez-vous, je n’y parviens pas!
Que c’est vilain d’être ainsi entêtée, me répétait maman… Je ne l’ai jamais écoutée!

Donc… Je lis ici et là l’adhésion collective à un dérouté aux opinions inconsidérées…
Je me répands en invectives!
Salomon n’était-il pas concerné par la paix?…
Salomon -lui- était un diplomate, pas un bureaucrate!
Celui que vous louez aujourd’hui use d’Israël non pas au service de convictions personnelles, loin s’en faut, ne soyons pas niais, voyons!… Non, Trump plonge Israël dans un chaos, lui infligeant de nouvelles sévices!
Il use d’Israël pour tenter d’appuyer, ou plutôt de récupérer (le mot est scient) une domination égarée sur ledit « Monde Arabe » dont les réalités et autres dissensions sont bien plus compliquées que l’appellation!
Il use d’Israël, conscient qu’il est de sa position stratégique géographique unique…
Il use d’Israël et de tout un tas de sacrifiés potentiels et nous l’applaudissons?
Une nouvelle Intifada vient d’être semoncée, Israël déploie des enfants de vingt ans, nos enfants, pendant que Trump se gargarise d’un effet d’annonce?
Pauvres de nos soldats…
Dieu y pourvoira? Mais sous quelle emprise êtes-vous? David n’a jamais eu compté sur Dieu… David, lui, était Chef des armées…

Voici ce que j’écrivais deux vendredis auparavant, le jour du coup d’épée asséné dans l’eau par le Président des Etats-Unis, dont la portée symbolique d’une décision non encore exécutée me semble bien de moindre ampleur, déplacée qu’elle est en réalité pour revêtir alors une toute autre valeur, celle du rapport de force pour ne pas proposer l’allégorie du mesurage d’épée.

Non, je ne suis pas rebutée par l’écorce, dirigée par mes préjugés à l’égard d’un ringard frénétique et borné, intolérant et virulent systématique, davantage sectaire que téméraire!

Sur le fond de la question, puisque vous me poussez à manifester mon opinion… Mais si… la voici donc :

Le peuple juif ès-qualités, à l’instar de tout autre peuple et notamment du peuple arabe qui en aura conquis plus de deux cent, est fondé à s’établir en son Etat et à choisir le rabe de l’Empire qui berça son souvenir.
Cependant, qui contredira que cette attribution par l’entremise occidentale et autres prises martiales s’est réalisée au prix d’une frustration incurable des présents?
Selon moi, par conséquent, aucune paix -jamais- ne sera plus structurable, rien ne permettra d’y parvenir! Que nous ferait donc penser qu’une intensification des affrontements offrirait d’y aboutir?
Je suis d’éducation juive, figurez-vous et à ce titre, j’ai la vie humaine à coeur, c’est bien ma veine!
Notre conscience juive nous enjoint-elle d’avoir Israël ou d’être Israël? J’opte pour la seconde solution.
Il ne s’agit pas là de résilience, bien sûr que nous nous attacherons à garder notre pays, bien sûr que nous nous défendrons, mais nous n’avons pas à mon sens besoin du vacarme de l’Occident qu’une immense partie de la société israélienne déplore.
Nous avons besoin de résister, fort de notre honneur, à la lumière de nos valeurs, même lorsque les prises d’armes deviennent nécessaires.
Tsahal -l’armée- a été formée sur un principe défensif et non offensif, pas banal! C’est ici que se loge notre plus grande dignité, c’est ici que se forge notre plus belle fierté!
Les fondateurs de l’Etat d’Israël n’étaient pas iniques et aussi laïcs qu’ils eurent été, quoiqu’ils fassent, quelles qu’eurent été leurs décisions, ils avaient la magnanimité de Yossef, Moshé, Shaul, David et Schlomo en mémoire.
Continuons -je vous en conjure- de faire grâce à l’histoire!

Revenons à nos moutons.
Non, parce que Donald, le conflit Proche-Oriental, ces sujets-ci ne sont que la halde qui sert à soulever, stimuler, exalter les passions; tout ceci n’est qu’une vulgaire stature, une couverture, un détour pour emmener l’affirmation de sa différenciation, de son identité sociale, un attrait vital au prix du reniement de sa réflexion.
Forcer le trait du non consensus, un us accoudé à la modernité!

Deux matins auparavant pourtant, mon papa semblait particulièrement bouleversé.
Peut-être même -sans que je ne l’en eus soupçonné- avait-il versé une larme, bonté qu’il ne réserve d’ordinaire pudiquement et avec charme qu’aux logorrhées et autres équipées de ses deux enfants…
Outre l’amitié et le respect qu’il lui vouait, assortis qu’ils étaient d’une admiration sincère et appropriée, je crois que c’est un peu d’espoir pour l’humanité que mon papa vit s’envoler, en même temps que Monsieur Jean d’Or (plutôt que d’O) nous privait soudain -nous les français- de ses acuités et nous laissait, sans ses lumières, affronter le noir, notre seule perception pour y sursoir!
Les français -je disais donc- soudainement s’entendait à qualifier celui que Pivot participa à révéler aux moins initiés d’Académie de perfection, ses écrits, sa vie de trésor pour notre civilisation!

Puis le lendemain, Johnny le rejoignit, semblant embarquer avec lui la symbolique des plus hautes aspirations de l’humanité, la seule, l’unique : celle d’être en mesure de donner tant « d’Amur » et de générer autant d’inspirations.
L’indescriptible feu que logeaient ses yeux en avait été l’imprescriptible caution.
Et ce matin-là me vint alors une interrogation, point pour le moins brûlant : qui donc les français allaient-ils pouvoir désormais ériger en utopie, en référent qui ne saurait être contredit?
Même Rochefort, son heureuse intégrité, sa délicieuse dérision ne pouvaient plus se proposer….
Un mythe s’en était allé, la France -contrite- allait devoir trouver un nouveau sujet d’unité…

Heureusement que Wauquiez venait de remporter la présidence des républicains, à une quasi-unanimité… Humour Noir!
Un déboire pour la démocratie : un accord aux antipodes du prochain transport d’un accord….

Simone Veil alléguait que les grands débats sont l’astuce -si ce n’est le fracas- indispensable à l’éveil d’un consensus encastrable dans les codes de tolérance, d’hardiesse et de sagesse de notre France!
Pour rappel, Simone Veil c’est cette femme, rescapée des camps d’extermination d’Auschwitz-Birkenau et de Bergen-Belsen, qui défendit au péril de son avenir et de son devenir, la loi emportant légalisation de l’avortement.
C’est cette femme parmi les femmes, ce supplément d’âme à qui l’on planifiait de retirer l’humanité et qui allait s’assurer de la corriger, de l’embellir, de l’affranchir, de l’inspirer à jamais!
Simon Veil, c’est cette femme d’audace et de convictions qui fit utilement et dignement opposition aux consensus et aux menaces pour donner vie à un consensus inédit : le droit de choisir sa vie.

Alors le consensus? Empire des frêles ou des forts?

Nous prospérons dans une forme d’hallucination consensuelle par le vecteur digitiforme des médias, informations et autres réseaux sociaux, par le prisme senseur de la norme, du mariage aux usages, de l’ouvrage aux hommages, à l’aune de l’absolutisme, du dogmatisme et de la tyrannique opinion publique!
D’esclaves de corps, d’esprits libres que nous étions prétendait Sophocle, voici que nous sommes libres de corps, esclaves d’esprit! Aujourd’hui, le principe de précaution est devenu précepte, un standard au regard d’individus adeptes de revendications sociales, craignant terrorisme et accidents à tous les instants, un curseur que l’on déplace au gré de nos peurs, des avis de la collectivité, des fluctuations de l’économie…

Jamais les servitudes n’auront été si volontaires, jamais les attitudes n’auront été si indolentes, nonchalantes, par conséquent délétères.
A vouloir à toute puissance notre asservissement, à approuver avec indulgence hiérarchies, obédiences et exigences nouées autour de nos vies, c’est au purgatoire, au mieux en détention que nous résidons.

Pourtant, de Sarah à Rivkah, de Moïse à Yaakov aux prises avec Dieu (figure allégorique de l’ange) au point de s’en voir attribuer le nom d’Israël (celui qui s’est battu avec l’Eternel) tous les grands -pour que le monde change- se sont insurgés, révoltés ou au moins exprimés!
La sagesse ce n’est pas de se soumettre, la sagesse c’est d’influencer jusqu’à Dieu lui-même, quitte à le compromettre!

On obéit sans sourciller à cet autre à l’intérieur de soi, à qui il nous est impraticable de mentir, qu’il nous est insupportable de trahir, qui n’abdique pas, même sous la torture, même supplicié….
C’est la notion d’introspection, c’est l’acception de Dieu non au sens de Providence mais de Toute Puissance!

Comprenez! Le consensus aliène, il déresponsabilise, pire il dépersonnalise, il morcelle l’essence, l’existence entre raison et pulsion sans ne jamais les contenter encore moins les combiner : un agent anxiogène, pathogène et mortifère!
Nous sommes de chaire pas pour que nous l’ayons molle, mais pour que nous soyons de parole!
Nous sommes de chaire pour que nous soyons espoir et vouloir!
Nous sommes de chaire pour que l’on transgresse pour nos promesses.
S’accommoder, se résigner n’est pas autorisé lorsqu’il est offert de préférer, d’argumenter et d’aimer!

« Risquer sa vie » l’une des plus belles expressions de notre langue!
Anne Dufourmantelle théorisait ce risque à partir de la vie et non de la mort, du désir « dont nous n’aurions ni connaissance, ni maitrise, d’un amour encore inconnu, d’un évènement. » C’est fort de café!
Personne ne saurait aimer s’il est encore attaché à un système de pensées.

Kant dans sa « loi morale » imaginait un point d’appui en nous -une universalité- sur lequel nous pourrions nous fonder, à partir duquel nous serions libres de penser, libres d’exister au seul risque d’une intelligence aussi secrète qu’ouverte.

Il s’agit simplement de ne se fier à aucune conception préfabriquée, à aucune représentation prédigérée, à aucune idée figée en positions, en postures, en convictions sans appréhensions, sans objections, sans contestations, pas même un murmure, avec le cran de prendre en soi la responsabilité d’une ardue liberté qui ne se risque qu’à mesure où elle se trouve menacée.

Le nazisme n’a-t-il pas généré ce consensus indu?…
La normalité est jaugé à l’aune de ce qui est communément entendu en son temps et peu nombreux sont ceux qui iraient contre le vent au prix de leur propre liberté, peu nombreux sont ceux qui ne s’engouffreraient dans leurs états d’âme, qui s’improviseraient résistants pour le seul salut de leur âme, pour leur seule sérénité.

Cela sert-il le monde franchement?

Il y a un mois de cela, je me suis retrouvée au coeur d’une altercation entre des soldats Vigipirate et le conducteur d’une automobile. Témoin de la scène, forte de mes valeurs, j’ai cru de bon ton de m’interposer en faveur du civil -pourtant innocent- et ait à mon tour été le mobile d’une agression circonstanciée, armes au corps, menacée de me voir tuer si je révélais leur identité, pour avoir noté leur plaque minéralogique… à tort… hurlait déchainé et hystérique l’un des prétendument garants de l’ordre public…
Partie porter plainte au commissariat de mon quartier, forcée de constater que leur volonté n’était autre que celle… d’étouffer le dossier…
J’ai envoyé un courrier recommandé au Procureur de la République, mais n’en ai point plus engagé, consciente que je suis que la pomme pourrie n’a pas contaminée l’arbre en son entier, soucieuse et respectueuse…

Scandalisée par la réaction des policiers qui couvraient éhontément, effrontément même le danger que représentaient les logés au poste de police, je m’en suis épanchée auprès de mon complice qui pour la première fois depuis tant d’années d’amitié a relevé que j’avais sans doute pêché par manque de sagacité, par un utopisme, un idéalisme sincère mais candide et ingénue.
« Ils s’estiment habiter au sein d’une république bananière » m’a-t-il jeté lucide « tu aurais dû préméditer leur réaction! »

Aurais-je dû me complaire dans une négation de l’action pour éviter déception et vilaines émotions?
Du monde magique que l’on s’est créé pour l’adorer à la réalité à laquelle nous sommes confrontés malgré notre propre volonté, on y laisse toujours un peu de sa souveraineté?
Rien n’est alors gâché! « L’essence du révolutionnaire n’est pas d’opérer le retournement en tant que tel mais de porter à la lumière ce que le retournement comporte de spécifique et de décisif! » soutenait Nietzsche.

Risque sa vie pour le progrès est constituant de l’humanité.

Les idéaux contrariés sont une cruauté raffinée à laquelle l’altérité nous assujettit.
Mais cette douleur est douceur face à l’acceptation que bien penser ne promet pas toujours d’être le vainqueur du duel d’idées…

« Il y a des remarques meurtrières qui sont dites d’une voix douce, il y a des violences qui se font caresses pour mieux atteindre le coeur. »

Alors non je ne tiens pas à être une anti consensus systématique, je cherche simplement à ne pas mourrir de mon vivant.
Je ne feins pas, je n’applaudis pas à grand bruit! J’avance, en évitant les faux-semblants, en m’exposant tout le temps, en transgressant frontalement, je brave l’entendement inique, consciente de mes entraves, de ce qui me retient comme la chèvre de Monsieur Seguin…

Je suis chiante, c’est vrai, mais c’est pour aimer, seulement pour aimer…

Une réflexion au sujet de « Consensus ou pas! »

  1. David Coutret

    Je suis aussi gentil que toi alors pour m’énerver le jour où il faut se mettre en colère, je dois m’y préparer à l’avance. Sinon toute mon énergie s’oriente avec douceur vers la protection et la construction. Ce qui est perçu comme une faiblesse. Car dans le monde (sauvage) des hommes, la force est : détruire beaucoup et rapidement. Au lieu de tuer un arbre, on fabrique des meubles. Au lieu de détruire une prairie, on y érige un immeuble… Au lieu de tuer des hommes, on remporte LA guerre ! La force, ici, est comparable au mal. Tandis que tu es le bien, la gentillesse, peut-être même la faiblesse. Tu as d’autant plus de valeur que mon cœur, lui, t’aime et s’emerveille. Il ne cesse de t’admirer et de ressentir la féminité merveilleuse de ta plume.

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