L’associé du diable

Je suis scandalisée de lire que la souscription aux idées du F.N. n’a jamais été aussi importante.

Selon un sondage de ce mois de janvier, près d’un tiers des Français adhèrent aux pensées frontistes. Pire encore, le parti d’extrême droite ne représenterait « un danger pour la démocratie » qu’aux yeux de 47% de sondés.

Autrement dit, chers amis, plus de la moitié d’entre nous considère que la monstruosité incarnée n’est pas effrayante.

Oui je sais, vous allez me répondre que les questions posées aux sondeurs sont orientées d’une façon telle que l’on ne peut même en deviner la teneur et que le résultat n’est pas forcément identique si on enlève du package les consensus pour ne garder que les éléments diabolisant.

Vous allez vouloir m’apprendre que tant que le parti subit des divisions internes, il n’a nulle chance de succès et qu’il n’est que l’outil d’un duel gauche/droite à des fins électorales.

Vous soulignerez encore que puisque les prochaines élections ne rentrent pas dans l’équation, il manque l’aspect projection dans l’axe de réflexion; ce n’est pas tout à fait con, seulement souvenez-vous que c’est la diminution post-élections qui a calmé le jeu des présidentielles de 1995 et 2002.

Vous me rappellerez enfin son historique latence en quarante ans d’existence, mais c’est là que je tirerai la sonnette d’alarme, c’est bien le drame, l’enfer prospère!

Le front national, magnifique appellation adoptée par de téméraires résistants en temps d’actions, détournée de son originaire signification au service d’une idéologie paralysée et paralysante! Un système de pensée hostile aux réalités, capable de causer bien des peines puisqu’il s’appuie sur la haine.

Son cheval de bataille, l’intérêt national? Karl Marx enseignait que toute classe, tout celui même qui aspire à la domination « doit acquérir d’abord le pouvoir politique pour présenter à son tour son intérêt propre comme étant l’intérêt général », vilaine manipulation! Bien-sûr, Marine sait séduire avec ses grands sourires, mais écoutez-moi bien, c’est le sourire de l’horreur, il n’y a pas pire tyran que celui ou celle qui impose en douceur. A urbanité extrême, méfiance extrême! La terreur est logée là dans l’anticipation d’un coup de fusil, pow! Vous l’entendez, c’est le souvenir des exterminations, la forme la plus extrême de destruction. Est-ce une inconvenante vérité? Je ne crois pas et Kundera semble d’accord avec moi: « les extrêmes marquent la frontière au-delà de laquelle la vie prend fin et la passion de l’extrémisme, en art comme en politique, est désir déguisé de mort »!

Les affaires publiques sont confuses: la gauche est au centre et adopte des dispositions de droite, la droite, elle, prend souvent des mesures de gauche et parfois chacun part à l’extrême et abuse. Mais je ne vous pardonne pas à vous, moitié de français qui oubliez. Il faut être vide, vide de raison et vide d’émotion pour légitimer de telles opinions. Alors quoi, est-ce la peur qui vous pousse à n’importe quelle décision? Moi, je crois voir dans cette quasi-collaboration avec le démon la résultante d’un sentiment d’épouvante dans le prisme du terrorisme… Parce que vous pensez, vous, qu’il y a là une solution ou une condamnation, quand Madame fait l’amalgame entre immigration et agression? Eh bien non, les extrêmes flirtent, se frôlent et se nourrissent, ils ne s’avalent pas, ils se mangent, l’un produit l’autre et reproduit l’autre, chacun propage sa perfidie, l’un par l’écrit, l’autre par les cris, l’un par de drôles accusations, l’autre par d’immondes actions; le parti est l’associé du diable.

Tous les deux ont omis qu’aussi intense soit-elle une idéologie n’a pas la rigueur de la science et qu’elle ne s’imposera à l’homme que s’il la reçoit en toute prudence, qu’il marche au milieu des deux extrêmes, c’est celui-là le meilleur des systèmes!

Le 11 mars 2007, Jacques Chirac, « l’ami de Sadam », c’est fort de café, a magistralement déclamé: « Ne composez jamais avec l’extrémisme, le racisme, l’antisémitisme ou le rejet de l’autre ». Ah voilà qu’on s’entend! Vous n’avez pas le droit d’aimer les extrêmes quand vous connaissez les intentions de ceux qui les sèment. Ne négligez pas que de s’inscrire dans un mouvement idéologique c’est devenir soi-même l’idée et c’est là le danger pour nous français!

Alors si Denis Diderot affirmait que la règle du poète était de se jeter dans les extrêmes, la règle de ma prose sera au contraire de vous en garder et de vous empêcher de vous jeter dans l’antre du diantre.

7 réflexions au sujet de « L’associé du diable »

  1. Ticot (pipi)

    En espérant que ces mots soit entendus par les aveugles qui n’avaient compris que derrière les discours de la progéniture du borgne ce profile l’immonde bête Philippe

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  2. DyGe

    Vous parlez ainsi car vous ne connaissez pas la même situation que la plupart des français.

    Vous n’avez pas de problèmes d’argent, vous êtes sûrement bien logée et bien payée. Mais pas nous. Et vous ne vivez pas dans des quartiers envahis, dans lesquels l’insécurité règne. Venez donc, vous verrez qu’en France tout n’est pas comme dans votre quartier de riches…

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    1. Charlotte Ticot Auteur de l’article

      Je ne crois malheureusement pas que c’est un parti anti-démocratique qui réglera les problèmes d’insécurité dont vous souffrez Monsieur.

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